28☆le bestiaire*, façon Apollinaire

Me voilà sur les rives de l'île, où je croise mon vieil ami Guillaume.

Assis au bord de l'eau, il me raconte son voyage en Thrace, où il rencontra Orphée :

- Orphée était natif de la Thrace, commence-t-il. Ce sublime poète jouait d'une lyre que Mercure lui avait donnée. Elle était composée d'une carapace de tortue, de cuir collé à l'entour, de deux branches, d'un chevalet et de cordes faites avec des boyaux de brebis. Quand Orphée jouait en chantant, les animaux sauvages eux-mêmes venaient écouter son cantique***.

Puis il posa dans ma main une gravure et retourna à ses poèmes en détalant subitement.
Je peux y voir dessiné un paon, le même que celui qui traîne sa traîne devant moi et un petit texte y est inscrit:

En faisant la roue, cet oiseau,
Dont le pennage traîne à terre, 
Apparaît encore plus beau, 
Mais se découvre le derrière.


 
Je reprends mon omnibus, mon vieux soupçon d'embarras noyé dans mon sourire. Merci Monsieur Apollinaire.

* Le Bestiaire ou cortège d'Orphée de
Guillaume Apollinaire 1911.  en version courte c'est ici
** en version illustrée avec les gravures réalisées par Raoul Dufy c'est
*** texte tiré des notes d'Apollinaire, dont le nom évoque Apollon, père d'Orphée. S'est-il senti proche du poète mythique ? Nouant avec la tradition ancestrale, il écrit "le Bestiaire ou cortège d'Orphée". Le cycle de poèmes présente de façon rythmique Orphée, en le reliant directement à la culture chrétienne. source orfeo.grenoble

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